Pagaille sondagière

sondagesBVA sort ce jour un curieux sondage. Celui-ci affiche ostensiblement un grand écart entre les intentions de vote attribuées à Jean-Luc Mélenchon et à Benoît Hamon, le premier étant annoncé particulièrement bas (10,5%) et le second démesurément haut (17%). Ce sondage dépareille fortement avec les autres études publiées depuis plusieurs jours qui sont forcées d’accepter un resserrement voire un chevauchement des courbes. Lorsqu’on sait que l’annonce de BVA se fait le jour même où Jean-Luc Mélenchon est l’invité de l’émission politique de France 2, on est en droit de s’interroger sur l’ambiance générale que ce sondage aurait pu faire peser s’il n’avait été aussitôt démenti par d’autres enquêtes.

L’ensemble des autres enquêtes publiées ces dernières semaines viennent en effet contredire celle de BVA. Il y a 48 heures, un sondage Elabe disait en effet l’inverse, le candidat de la France Insoumise et celui du PS étant tous deux crédités de 13 % des intentions de vote. Au moment même où sortait le sondage BVA, Harris interactive en publiait un autre effectué sur un panel de 6000 personnes (et non 900 comme BVA) qui donnait le premier à 13% et le second à 14%. Bref rien qui ressemble de près ou de loin à ce qu’affirme BVA.

D’autant que s’il y a une chose à sauver dans les sondages, c’est éventuellement les tendances qu’elles font ressortir sur plusieurs semaines. Hors tous les instituts qui ont vu une cristallisation sondagière sur Benoît Hamon au lendemain de la primaire du fait du blitzkrieg médiatique qui l’a accompagnée en reviennent aujourd’hui et sont forcés d’inverser la dynamique des vases communicants qu’ils avaient à l’époque cru déceler entre Hamon et Mélenchon.

Il faut dire que BVA a la fâcheuse tendance à grossir les erreurs qui sont l’apanage du mimétisme moutonnier de tous les instituts. Ce sont eux qui survalorisaient à la rentrée de septembre le FN, en étant les seuls à l’avoir fait dépasser les 30%, et largement à 30, 32 et même 33 % : BVA jouait alors le rôle des perforateurs de plafonds de verre. Ce sont encore eux qui plaçaient Juppé au plus haut à l’automne : 38% en septembre et même 39 % en octobre. Ce sont toujours eux qui récidivaient avec plus qu’une longueur d’avance sur leurs collègues pour survaloriser Fillon début décembre après la primaire en lui attribuant 29 %. Dès lors, BVA semble incapable de prendre en compte les dynamiques et plus encore les ruptures de dynamique comme on le constate à nouveau avec Hamon. Alors que celui-ci dévisse partout ailleurs dans les enquêtes et que sa campagne s’enlise sur le terrain, BVA continue à le mettre à la hausse. L’institut n’apparait finalement pas tant en faiseur d’opinion (du moins pas plus que les autres) qu’en commentateur de la séquence passée.

Au final, l’épisode sondagier est sans dommage car plus personne ne s’arrête à ces prophéties dont on mesure dans la période, alors que plus d’un électeur sur deux n’a pas choisi pour qui il ira voter ni même s’il ira simplement voter, à quel point elles ne parviennent plus même à s’arriver auto-réalisatrice. Il est par contre révélateur une fois encore de la mystification de processus qui prétendent s’inscrire dans une même démarche pseudo-scientifique mais dont chaque nouvelle livrée s’avère être un contre-exemple qui met à terre l’ensemble de l’édifice. Moins que jamais les sondages sont capables de mesurer les dynamiques populaires. Plus que jamais le jour du scrutin apparaît enfin cette fois comme l’occasion de substituer la révolution citoyenne à la tyrannie sondagière.

17 commentaires sur “Pagaille sondagière

  1. A reblogué ceci sur Coups de coeur de Bernard Gilleronet a ajouté:
    Bon billet de blog: rien à redire ni à rajouter

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  2. les sondages ne se réalisent que parce qu’on les croit. (de je ne sais plus qui, mais très juste)

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  3. Jean-Pierre Boudine dit :

    Nous en parlons comme s’il ne s’agissait que d’un détail parmi d’autres. Pour moi, c’est une erreur. Nous devrions protester bien plus haut, par toutes voies politique et de justice pour exiger :
    a) des sondages fait à partir d’échantillons représentatifs, sachant ce que ce mot signifie dans la science statistique. Donc en « face à face » et non « auto administrés en ligne « (par internet)
    b) que les résultats bruts soient publiés
    c) que, si les instituts pensent affiner leur résultat en, « redressant », il déclarent pourquoi et comment, avec précision.
    Le point b) restant prioritaire.
    Continuer à parler de ces questions en restant dans le vague, est-ce que ce n’est pas prendre son parti de manipulations de l’opinion ?

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    • Quentin dit :

      Petite précision sur le point a
      Le fait d’obtenir un échantillon représentatif n’a pas grand chose à voir avec la méthode de recueil (que ce soit par internet, téléphone ou face à face). Il suffit de savoir gérer ses quotas…

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      • Jean-Pierre Boudine dit :

        Les sondages dont nous parlons sont réalisés à l’économie « auto administrés en ligne ». Près d’un français sur six n’a pas Internet, et un français sur trois ne regarde pas ses emails quotidiennement. Particulièrement dans les couches populaires défavorisées. Donc les sondeurs « sondent » un échantillon fortement biaisé. je dis qu’il est presque IMPOSSIBLE d’obtenir un échantillon représentatif par cette méthode. Je suis prêt à un débat d’experts sur cette question.

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  4. Ricardo dit :

    Les usines à sondages doivent tourner
    à plein régime 24h/24 il en sort in tous les jours ! Ils doivent se gaver .

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  5. Syd93 dit :

    En fait, l’explication est beaucoup plus simple et tient à la statistique élémentaire. La base des répondants dans le sondage BVA ici présenté est de…600 ! La marge d’erreur à 2 écarts type (95%) est donc de + ou – 3 points. Donc Hamon peut aussi bien faire 14 et Mélenchon 13,5. Donc, effectivement, mieux vaut ne pas tenir compte des sondages 60 jours avant le scrutin alors que l’offre n’est toujours pas définitivement connue. Au prix où est le papier, c’est dommage un tel gaspillage 🙂

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  6. Chris P dit :

    Il serait grtand temps d’interdire purement et simplement les sondages en période électorale.

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  7. Ricardo dit :

    François tout le monde fait remarquer que ton graphique sondagier n’est pas à jour !

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  8. Marc Dumont dit :

    Mais pourquoi ne pas laisser les sondages à ce qu’ils méritent : une autre forme de remise en place. Ainsi, Nous avons vu à de multiples reprise, combien ils se trompaient. Pour Trump comme pour le Brexit ou toutes les Primaires…
    Pourtant, les médias font leurs choux gras de ceux qui placeraient déjà Mélenchon sur le déclin. Façon de nous marginaliser dans cette guerre des idées. De fait, il est tout à fait probable que des rafales de sondages, plus mauvais les uns que les autres, se multiplient pour Mélenchon, pour de multiples raisons :
    – Les milieux d’affaires savent bien qu’il n’y a qu’un seul danger : JLM au 2è tour. Et qui possède ces instituts de sondages ? Ces milieux d’affaires.
    – Le PS a tout intérêt à mobiliser autour de son image « nouvelle » afin de faire oublier son passif hollandais et vallsiste et afin de rabaisser l’entreprise Mélenchon.
    – Mais SURTOUT, IL FAUT SAVOIR QUE d’après la nouvelle loi électorale – fermement combattue par nos députés intègres Front de Gauche à l’Assemblée Nationale – le temps de parole dans la campagne officielle dépendra désormais pour partie non négligeable de ces sondages (merci Hollande !)
    Or, si Macron est si haut dans les sondages depuis si longtemps, c’est aussi parce que, sans cela, il n’obtiendrait aucune visibilité dans la campagne officielle, avec un temps de parole quasi nul, puisqu’il n’a pas avec lui la structure d’un parti.
    Inutile de parler de Le Pen, médias et sondages ne cessent de lui servir la soupe !

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  9. Croa dit :

    Ces sondages sont des leurres et leur but est de faire diversion dans le débat pour qu’on ne parle pas des programmes.
    De toute façons les curieux savent de plus en plus qui est Benoît Hamon : Un magouilleur comme les autres «Socialistes» ce que révèle son passage aux Jeunesses Socialistes:
    http://enattendanth5n1.20minutes-blogs.fr/archive/2017/01/25/benoit-hamon-last-apparatchik-standing-934280.html

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  10. Lunesoleil dit :

    Le 17 le chiffre de l’année 20 [17]l’étoile dans le tarot de Marseille, il faut juste retenir le symbole de l’espoir retrouvé et le 10 la roue de fortune, (la roue tourne) de zaho, écouté sur youtube …

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  11. Les sondages ne sont qu’un leurre, pire encore, un piège antidémocratique qui oblige la plupart des gens à se poser dès avant le premier tour la question : « Ne vais-je pas voter « utile » dès à présent, pour tenter d’éviter, au second tour, d’avoir à choisir entre la peste et le choléra ? » »

    A priori, il n’y aura pas union des partis de gauche, donc, à moins d’un heureux retournement ou de milliers d’adhésions à nos idées en dernière minute, pas de gauche au second tour.

    Nous voilà, dès le premier tour, nous balançant entre le légitime choix du cœur et celui de la raison. Nous voilà condamnés à nous perdre d’ores et déjà dans de compliqués calculs de probabilités et de sombres conjectures dont nous aurions aimé nous passer. Flûte !

    LA DÉMOCRATIE EST EN DANGER !
    Oui, notre libre choix démocratique est en péril.
    Nous le savons tous : ces sondages ne servent qu’à enrichir les instituts qui les font et à nourrir la presse qui s’en repaît durant des mois et des mois (ils ne sont pas prêts de se retrouver au chômage, les journaleux !) C’est la Nation tout entière qui en pâtit, c’est le peuple de France dont la liberté de choix est entravée..

    Alors, et certains trouveront sans doute que c’est ridiculement puéril (mais peu me chaut), au premier tour je voterai pour le candidat de MON CHOIX, même si, seul, il n’a guère de chances d’accéder au second tour. Je le ferai parce que c’est MON OPINION que je donnerai, c’est mon propre choix que j’exprimerai, celui que me dicte mon cœur et non ma raison.

    J’ai choisi l’insoumission et je n’ai plus envie d’être raisonnable. Trop, c’en est trop ! Tant pis pour ceux qui trouveraient plus logique de me voir voter « directo » pour celui qui sera le « moins pire » des trois candidats de droite ! Je dis NON (et le reste, mais c’est moins poli…) à tous ceux qui voudraient forcer ma main à opter pour un macronisme de circonstance afin d’éviter, au prix de ma liberté, un duel Le Pen – Fillon.

    Au second tour, si la gauche n’est pas là, personne n’ira me faire voter pour ceux qui veulent attenter à ma vie, se servir dans mon portefeuille, repousser l’âge légitime de ma retraite, m’empêcher de me soigner correctement, s’en prendre au peuple et aux travailleurs, obliger mes enfants à se crever à la tâche, j’en passe et des meilleures.

    Au second tour, je ne choisirai pas entre la peste et le choléra, je ne choisirai pas entre Macron et Fillon, entre Macron et Le Pen ou, pire encore, entre Le Pen et Fillon (la peste et le choléra).

    Si le cas se présente, je ne m’abstiendrai pas non plus. Je ne resterai pas passivement chez moi à attendre des jours meilleurs et à subir sans rien dire. J’irai voter « ni pour l’un ni pour l’autre », n’en déplaise aux instituts de sondages qui devraient aussi, tant qu’ils y sont, se pencher sur le cas des votes blancs.

    Après, après, il y aura les législatives…

    Vhttp://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/citoyen/participation/voter/droit-vote/abstention-vote-blanc-vote-nul-quelles-differences.html

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    • Jean-Pierre Boudine dit :

      Pardon, mais c’est toujours la même erreur POLITIQUE. On dénonce les sondages, on se plaint, mais on ne fait pas une véritable campagne à la hauteur de l’enjeu, qui est le refus de la MANIPULATION.
      Il faut EXIGER :a) des sondages en face à face avec des échantillons représentatifs,
      b) la publication des résultats bruts,
      c) s’il y a des « redressements », le motif et la formule précise.
      L’argument du « secret commercial » est grotesque : il s’agit d’information, non de commerce.

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      • Les sondages à profusion, ce n’est pas de l’information, c’est de l’intox !
        Par ailleurs, quand vous dites qu’il n’y a pas de « commerce », eh bien, je n’en suis pas aussi sûre que vous, les instituts de sondages sont bien heureux de s’abreuver à la source et de se nourrir de la manne de toutes les élections et la presse d’en faire ses choux gras.

        Bien entendu, il faudrait exiger des sondages « propres » et nets de toute influence, ce serait évidemment beaucoup mieux. Difficile d’y parvenir néanmoins. Idéalement, un sondage devrait porter sur un grand nombre de personnes, issues de toutes les couches de la société.

        Néanmoins, on ne peut éviter le risque de l’influence, voire de la manipulation. Comme je le disais plus haut, à cause des sondages, nous en sommes déjà à tirer des plans sur la comète en ce qui concerne ce qu’il faut éviter au second tour alors que le premier n’a pas encore eu lieu !

        Un peu de sagesse et de respect des électeurs, que diable ! Qu’on nous laisse choisir en paix, tout au moins au premier tour, ce que notre conscience, notre cœur et surtout nos intérêts nous dictent ! Qu’on nous laisse décider seuls de nos propres opinions sans toujours vouloir nous prendre par la main, voire nous la forcer !

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  12. Pardon, j’aurais dû écrire « ils ne sont pas près de se retrouver au chômage », mais vous aurez sans doute rectifié.

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