Les contrats de Hollande et la loi du peuple

francois-hollande-devant-les-parlementaires-a-l-elysee-le-16_974343Qui sème le vent… L’accord en douce entre le MEDEF et les syndicats minoritaires sous couvert du gouvernement ne passe décidément pas. Et quand le Président Hollande en remet une couche en confirmant mercredi 16 janvier son intention d’inscrire la démocratie sociale dans la constitution d’ici l’été, autrement dit d’imposer le primat du contrat sur la loi, le peuple se lève et commence par battre le pavé.

IMG_3896mTel pourrait être l’un des premiers enseignements de la marche départementale pour l’emploi, les salaires, et contre les politiques d’austérité qui a défilé ce jeudi 17 janvier dans le Val-de-Marne.  La liste des préavis déposés et des participants fait sens : les cheminots de Villeneuve-Saint-Georges, La Poste et Orange-France Télécom, les personnels de l’éducation, les hospitaliers de Chennevier, Mondor ou Emile Roux, les salariés d’Essilor, de Belfor, de Karcher, de Colas, de Mory, d’AD Aumerle, d’Aurobacs, de Cofely, de Ricoh, les territoriaux de Villejuif, de Villejuif, de L’Haÿ-les-Roses, de Champigny, de Bonneuil, d’Orly, de Chevilly-Larue, du Val-de-Bièvre, du Conseil Général… Les Sanofi qui rentraient de leur « jeudi de la colère » devant le siège national de l’entreprise ont rejoint la marche. Celle-ci s’est terminée en ralliant les retraités au moment même où le gouvernement envisage scandaleusement de désindexer les pensions sur le pouvoir d’achat après qu’elles aient déjà été désindexées par rapport aux salaires par Balladur. Le recul des droits et la précarité à tous étages et à tous les âges, c’est décidément maintenant !IMG_3902m

Le second enseignement ne doit pas être minimisé. C’est la présence importante des organisations politiques (Parti Communiste, Parti de Gauche, PCOF, GA, C&A, NPA) dans le cortège. En cela, la manifestation exprimait tout à la fois la lutte et la résistance mais aussi la nécessité d’une alternative et d’un débouché politique. Ce n’est pas rien de voir apparaître sur le site de l’UD CGT les soutiens des organisations politiques. Ce n’est pas rien de voir figurer sur le même site des liens vers les tracts du PCF et du PG qui appelaient à cette manifestation. Ce n’est pas rien que les militants et politiques se soient retrouvés en amont pour mobiliser, ensemble sur des distributions, chacun avec son tract à la main. Celles et ceux qui prenaient les documents ne pouvaient que ressentir la force qui émerge dès lors que c’est le plus grand angle d’ouverture sur l’action de masse qui est porté par la convergence syndicale et politique. C’est cette même force qui s’est retrouvée dans le cortège où les bannières de la CGT, de la FSU, de Solidaires, de la CFTC flottaient aux côtés des drapeaux du PCF, du PG et du NPA, où les mêmes torses (en réalité anoraks vu les -5°) se recouvraient des autocollants syndicaux et politiques.

IMG_3898mJe ne saurai terminer sans parler de la détermination des salariés et de la colère qui grossit chez eux chaque fois que le gouvernement capitule devant le MEDEF et impose par des tours de passe-passe des reculs historiques que nous avions empêché la droite de mettre en œuvre jusque-là. Ainsi en est-il de la précarité. Ce que réclament les salariés d’Essilor, c’est la loi, à savoir des CDI à la place de tous ces contrats kleenex dont abusent les grands groupes. Pourtant, « l’accord historique » entre le patronat et trois syndicats minoritaires et actuellement non représentatifs, ce n’est rien d’autre que la sécurisation de la flexibilité et des contrats courts ! Quand un gouvernement de gauche devrait interdire les CDD de moins d’un mois, celui-ci par une taxette en réalité les entérine ! Ainsi en est-il des retraités qui entendent Jérôme Cahuzac-Picard, ministre délégué au budget et à la banquise, leur annoncer fièrement deux milliards de « surgel » supplémentaires, après les 30 milliards d’il y a deux mois, qu’il faudrait éponger par la baisse de leurs pensions !IMG_3909m

Mais le pire est à venir et les salariés sont bien conscients du virage définitif que cherche à prendre François Hollande en faisant primer le contrat sur la loi. Le Président veut réformer avant l’été la Constitution afin d’inscrire le principe de la négociation syndicale préalable à la loi comme il l’a annoncé le 15 janvier devant les parlementaires. Il l’avait déjà dit pendant la campagne mais avait dû mettre la mesure en sourdine, chacun ayant bien compris que c’était l’édifice social et républicain né à la Libération qu’il voulait mettre à terre. Mais le bougre a de la suite dans les idées. Normal me direz-vous : ce n’est pas là une lubie mais bien une ligne politique. Celle qui nie la lutte des classes, qui considère que la liberté individuelle ne saurait être entravée par le besoin d’égalité, que l’égalité des chances et la méritocratie sont les seules lois du jeu qui vaillent.  Ce que François Hollande cherche à faire disparaître, c’est le peuple, celui qui au travers du législateur est seul capable de porter l’intérêt général là où naturellement les syndicats défendent ceux des salariés et où le patronat est désormais tout tourné vers la rente et la spéculation.  Dans notre hiérarchie des normes sociales encore en vigueur, le contrat ne peut être inférieur à la loi. Les accords entre partenaires sociaux font sens uniquement s’ils sont plus favorables que la loi. Mais c’est la loi qui protège. Le Parlement doit se saisir de ce débat et ne saurait capituler devant une nouvelle déclinaison de l’austérité qui après avoir été institutionnalisée par le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) a besoin de fragiliser encore plus les salariés pour se légitimer et les museler. Preuve a été faite ce jeudi que les muselières de rigueur au gouvernement ne pourront pas être passées aux salariés.

Merci à Robert pour les photos

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