Le traité européen leur fait perdre la raison

Lundi 1er octobre, le site du journal Le monde publiait une tribune effarante (allez la chercher sur le site www.lemonde.fr si vous le souhaitez, je me refuse pour ma part à voir figurer un tel lien sur ce blog !) de Leila Aïchi et Robert Lion, tous deux conseillers régionaux d’Ile-de-France Europe Ecologie-Les Verts (EE-LV) intitulée « Ecologistes, nous devons ratifier le traité européen ».

 Si hier devant l’Assemblée nationale le premier ministre Jean-Marc Ayrault était contraint d’avouer que le texte du traité est « identique » à celui signé en mars par Nicolas Sarkozy, les arguments jour justifier le ralliement au traité Merkozy prennent décidément des formes de plus en plus inquiétantes. Après l’épouvantail  de la sortie de l’euro agité par Jean-Marc Ayrault, voici que les deux élus EE-LV nous resservent dans leur tribune le choc des civilisations, celui-là même qui avait été théorisé par Samuel P. Huntington et  popularisé par Georges W. Bush et ses apôtres.

Leïla Aïchi et Robert Lion considèrent que « Rien ne nous apparaît plus vital – pas même la crise écologique – que de faire avancer la construction européenne ». Laissons-là ce nouveau paradigme plus que surprenant pour des écologistes, alors même que la crise écologique emmène immanquablement l’Humanité à sa perte et nécessite de fait de refonder notre pensée au regard de ces conséquences et donc de la bifurcation qu’il nous faut immédiatement engager par le biais de la planification écologique.

Car le pire est encore à venir. Le monde dessiné par les deux élus EE-LV, c’est l’Europe citadelle assiégée : « Les commandes seront aux mains des pays du Sud et de l’Asie, auxquels la puissance économique et la démographie auront donné de grands pouvoirs. L’Islam constituera la première force spirituelle. L’Afrique comptera près de deux milliards d’habitants : même ravagée par la misère et les famines, elle pèsera lourd sur l’échiquier mondial. »

 Le refuge : l’Europe et ses « valeurs dites occidentales, auxquelles nous sommes viscéralement liés – particulièrement nous Français, héritiers de 1789 : nos valeurs pourraient se trouver englouties. ». Avec la conclusion qui s’impose : « On ne peut compter que sur l’Europe, berceau de cette civilisation et praticienne éprouvée des droits qui la fondent. Il faut que l’Europe reste en scène, c’est le sens de l’Histoire qui est en jeu. ».

Rien ne manque au déroulé du choc des civilisations. Après plus de 10 ans que cette théorie régit la politique internationale de l’Empire, après un quinquennat de sarkozysme qui a voulu fourvoyer la France dans cette direction,  voilà que ressurgit la bête hideuse qui stigmatise les uns, monte les populations les unes contre les autres et appelle au nom de la « civilisation » à exporter « nos valeurs ».

Quelle tristesse que pour justifier un traité indéfendable certains à gauche en soient réduits à basculer de fait dans l’autre camp. La période est décidément au gros vent quand se perdent à ce point les repères. Tenir bon sur l’humanisme radical et universaliste est bien plus que jamais une impérieuse nécessité.

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